Huit jours de trajet, ca use. On n'est pas les seuls, cela dit, en Inde les voyageurs fourbus, souvent des familles entieres, sur des draps etendus, entoures de leurs innombrables sacs et paquets, jonchent le sol des gares; les gens dorment, prennent des repas, se douchent, se brossent les dents, lavent leurs vetements dans les gares, parmi d'autres passagers presses qui les contournent et les enjambent, et les haut-parleurs anonnent sans cesse dans trois langues les numeros de quai des prochains departs.
Le lendemain de notre arrivee a Kathmandu, on apprend qu'un train parti de Calcutta la veille a deraille dans la campagne du Bengale indien-- a Sardiha, l'express est sorti des rails et a ete percute par un train de marchandises. 200 morts, au moins. Pas un accident: plusieurs metres de rail manquent. Un attentat maoiste? Des posters d'une de leur factions revendiquant l'attentat etaient presents sur le lieu. Mais les maoistes nient: pas notre faute si des gens commettent des crimes en notre nom, disent-ils. Notre train a nous est passe un jour plus tot a 100 kilometres de la.
Inde-Nepal: a premiere vue, pas de differences extravagantes. La roupie nepalaise vaut encore moins que l'indienne, et les montres sont a decaler d' 1/4 d'heure, ce qu'il m'a fallu accepter apres deux jours a dire a Margo qui en levant les yeux sur les murs, s'etonnait du temps qui passe: "non non, elle retarde". A noter tout de meme, morphologiquement: le Nepalais n'est pas laid. La moustache, endemique en Inde, fait nettement moins de ravages ici.
On trouve Kathmandou pleine de flics, il s'avere que c'est aujourd'hui que l'Assemblee Constituante formee deux ans plus tot devait rendre ses devoirs; or la Constitution n'est pas prete, la ville est tendue, une bombe artisanale a noirci le mur de l'Assemblee. Le Nepal aussi a ses maoistes: ils ont leurs propres groupes paramilitaires, mais contrairement a la version indienne, possedent aussi un certain nombre de sieges a l'Assemblee. Sur le coup de minuit, les parlementaires, qui siegent sans discontinuer depuis le matin, signent: un an de plus. Tout le monde souffle, la crise politique a l'air evitee, un nouveau gouvernement "de consensus" sera forme qui inclura les maoistes, les discussions reprennent au milieu des discours officiels du "Republic Day" et chaque parti annonce sa bonne volonte. Le FMI est content, d'ailleurs il "debloque" (mot rigolo) un nouveau pret a interet zero dont le Nepal a bien besoin. La politique est un jeu de force ici: le petit Nepal n'a que deux gargantuesques voisins, l'Inde et la Chine... il fait son etat souverain, mais evidemment, est quand meme mechamment ballote.
Dans Flash, de Charles Duchaussois, Kathmandou avait des airs de village de montagne poussiereux, peuple de chevelus, sans eau courante, mais ou la pharamacie du coin vendait de la morphine. C'etait il y a longtemps. Les touristes aujourd'hui sont parques comme des Sioux dans un quartier assez immense et sans tellement d'equivalent en Inde (chercher plutot en Thailande par contre): Thamel, sorte de fete foraine permanente, ou les panneaux-neons (tous en anglais, quand ce n'est pas en hebreu ou coreen) se marchent dessus, ou les boutiques de souvenirs multicolores s'empilent sous les enseignes de "guest houses" aux noms trompeurs: "peace", "nirvana", "shanti" etc.; On trouve certes des momos et des thukpas (avec legendes explicatives) sur les menus en anglais, mais le prix est triple et la portion moindre que dans les "fasht-food" et bhojanalay pour locaux, deux rues plus loin. Les agences de voyages se bousculent, la plupart recrutent dans la rue, et notre hote couchsurfeur sympathique deplore que beaucoup de ces requins debrouillards utilisent precisement couchsurf pour trouver des clients-- avant de nous proposer les services de sa propre agence... entre amis, bien sur.
Les plans se precisent: une fois nos histoires de visas, billets d'aeroplane et autres broutilles enterrees, nous boussolons vers l'ouest, vers un village de montagne ("12 maisons") de la region de Gorkha tenter l'experience de la ferme a l'ancienne (en dehors du circuit waf wif woof, mais bio quand meme, enfin a l'ancienne, pre-bio en somme), puis voir Pokhara parce qu'on ne deteste pas les endroits touristiques quand ils le sont avec raison, puis Mugu qui est presque au Tibet. Et retour en Inde via la frontiere occidentale, vallee de Kullu ou Manali.
lundi 31 mai 2010
mardi 25 mai 2010
deux mois
Aux peu qui nous suivent peut-etre encore sur ces pages!
Je tente un resume hatif des deux derniers mois...
Bon. Allons a reculons, ce sera plus rigolo.
Nous sommes aujourd'hui a Chennai, un bateau nous y a amene. Trois jours et quatre nuits durant, nous fument en mer. Un peu ballottante, mais pas extremement, et on ne reproche pas de saut, ni de rejet de repas. On s'est borne a eprouver avec etonnement le fait qu'en mer, la gravite, que l'on tenait pour constante, change de direction et d'intensite en permanence. D'ou une danse interessante, notamment dans les couloirs d'1 metre de large, ou l'on deambule paupieres mi-closes, distants, altiers, monsieur bonsoir, namaskar, vanakkam-- avant de se percuter cavalierement. La dignite tient a peu de choses: une vague. Le reste du temps a ete depense en repos, repas, lectures, ecritures, et awale. On s'est ennuye, mais pas trop.
Le MV Nancowry, affrete a Mumbai on ne sait trop quand mais ca se compte en dizaines d'annees, est ces jours-ci affecte au service des allers-retours entre Port-Blair et la metropole: Chennai, Calcutta, Vishakapatnam successivement, pour que le capitaine ne s'ennuie pas trop. On embarque un peu avant 16 heures, comme prevu (apres un examen medical amusant-- il consiste en tout et pour tout a tamponner chaque billet d'un large "examined", et peut-etre que le medecin regarde chaque personne tres attentivement, pendant une seconde), mais le bateau, selon la tradition indienne, ne part qu'a 20 heures.
On a passe un mois entier, tres exactement, dans l'archipel Andaman, dont quelques jours de ci, de la dans la capitale Port-Blair -- fort peu interessante, mais d'ou pratiquement tous les bateaux partent et viennent. Notre derniere ile, et peut-etre notre preferee, la moins touristique en tout cas -- surement pour ca que tout le monde est si gentil la-bas? -- est la Petite Andaman. Elle n'est pas si petite, mais il est vrai que la majorite de sa surface est reservee a la tribu Onge-- une centaine de gens, au max-- venue vraisemblablement, meme si c'est vachement loin, de quelque part en Afrique en un temps immemorial. Le reste de Little Andaman : une route. La plupart des habitants de la route sont Bengalis, quelques autres Tamils, Malayalis, Andhra. Plus d'une fois, on est invite a manger, boire et fumer-- il faut dire que les locaux semblent s'ennuyer fort, et s'intoxiquent assez constamment.
Notre autre antre andamanite sera Havelock, qui est a l'autre bout de l'echelle de touristicite: la plage du levant (4h30 du matin, car 1300 km a l'est mais meme fuseau horaire que la terre ferme) est alignee, sans interruption sur des kilometres, de "beach resorts" photocopies, avec des huttes a toits de palmes de vivabilite diverse, mais meme les plus modestes sont pourvues de moustiquaires. On y fait de la plongee et du barbotage, occasionnellement chausses de masques et tubas, mais en cours de sejour une touriste se fait attaquer par un reptile feroce. Les aubergistes tombent des nues: un croco a Havelock? pas bon pour les affaires, ca. Heureusement la saison est a peu pres terminee (d'ailleurs si on veut bien supporter un peu de pluviotte, les huttes de plages sont vraiment pas cheres, et on y est tranquilles), on espere que ca se tasse d'ici novembre prochain.
On passe une nuit a Neil Island, aussi, ou les bernard les hermites sont tres tres gros.
L'aller Chennai-Port-Blair se fait par avion: finalement moins cher que le bateau... Enfin. Ca depend. Lorsqu'on tente de reserver un bateau en derniere classe a deux semaines d'avance, ou encore un avion, OK, un helico, n'importe quoi, laissez-nous partir d'ici, on decouvre qu'on a pose pied sur l'archipel en periode scolaire, innocent vacanciers perpetuels que nous sommes, mais qu'on essaie de le quitter a l'oree des vacances indiennes... or ni les profs ni les eleves n'ont l'intention de passer la mousson dans leur prison paradisiaque, et tout le monde vogue et vole vers le sous-continent. Tout est donc reserve bien a l'avance, et au prix fort. On paie finalement plus cher la traversee (mais pour une deuxieme classe qu'on ne regrette pas) et on part plus tard que prevu. Mais bon.
Et avant?
Trois semaines durant, on s'echigne a Auroville, dans une ferme denommee bizarrement Solitude -- on y rencontre plein de gens formidable, et on y vit tres socialement, dans cet ilot un peu spirituello-indien, mais a part ca tres occidentalo-hippie, a proximite de Pondicherry -- "Pondy", on dit entre Aurovilliens.
Monique nous a quitte debut avril, pour retourner, apres deux mois a partager notre boheme, "cultiver son jardin". Mais pas avant qu'on ai passe ensemble de riches heures dans le village cotier de Mamallapuram -- qui fut, il y a mille ans, la capitale commerciale et politique du royaume Pallava, et qui a encore de beaux restes: on y trouve des pleiades de bas-reliefs et mini-temples monolithiques hindous, et un gros caillou qui devrait devaler la pente sur laquelle il est pose, mais qui ne le fait pas. La taille de pierre est encore aujourd'hui la specialite locale. Ce n'etait d'ailleurs que la fin de notre tour des temples: a Puri, Konark, puis Bhubaneshwar (Orissa) on s'en dose une forte dose, une overdose diraient certaines, et dans le Tamil Nadou, il y en a partout et de toutes les couleurs.
Enfin, on ne neglige pas les plages: de Puri, de Vishakapatnam, de Chennai, d'Auroville... meme si le bikini, par ici, est deconseille -- a moins que l'on sache s'accomoder des regards pas discrets de tout un public qui vient parfois expres pour le spectacle.
Je tente un resume hatif des deux derniers mois...
Bon. Allons a reculons, ce sera plus rigolo.
Nous sommes aujourd'hui a Chennai, un bateau nous y a amene. Trois jours et quatre nuits durant, nous fument en mer. Un peu ballottante, mais pas extremement, et on ne reproche pas de saut, ni de rejet de repas. On s'est borne a eprouver avec etonnement le fait qu'en mer, la gravite, que l'on tenait pour constante, change de direction et d'intensite en permanence. D'ou une danse interessante, notamment dans les couloirs d'1 metre de large, ou l'on deambule paupieres mi-closes, distants, altiers, monsieur bonsoir, namaskar, vanakkam-- avant de se percuter cavalierement. La dignite tient a peu de choses: une vague. Le reste du temps a ete depense en repos, repas, lectures, ecritures, et awale. On s'est ennuye, mais pas trop.
Le MV Nancowry, affrete a Mumbai on ne sait trop quand mais ca se compte en dizaines d'annees, est ces jours-ci affecte au service des allers-retours entre Port-Blair et la metropole: Chennai, Calcutta, Vishakapatnam successivement, pour que le capitaine ne s'ennuie pas trop. On embarque un peu avant 16 heures, comme prevu (apres un examen medical amusant-- il consiste en tout et pour tout a tamponner chaque billet d'un large "examined", et peut-etre que le medecin regarde chaque personne tres attentivement, pendant une seconde), mais le bateau, selon la tradition indienne, ne part qu'a 20 heures.
On a passe un mois entier, tres exactement, dans l'archipel Andaman, dont quelques jours de ci, de la dans la capitale Port-Blair -- fort peu interessante, mais d'ou pratiquement tous les bateaux partent et viennent. Notre derniere ile, et peut-etre notre preferee, la moins touristique en tout cas -- surement pour ca que tout le monde est si gentil la-bas? -- est la Petite Andaman. Elle n'est pas si petite, mais il est vrai que la majorite de sa surface est reservee a la tribu Onge-- une centaine de gens, au max-- venue vraisemblablement, meme si c'est vachement loin, de quelque part en Afrique en un temps immemorial. Le reste de Little Andaman : une route. La plupart des habitants de la route sont Bengalis, quelques autres Tamils, Malayalis, Andhra. Plus d'une fois, on est invite a manger, boire et fumer-- il faut dire que les locaux semblent s'ennuyer fort, et s'intoxiquent assez constamment.
Notre autre antre andamanite sera Havelock, qui est a l'autre bout de l'echelle de touristicite: la plage du levant (4h30 du matin, car 1300 km a l'est mais meme fuseau horaire que la terre ferme) est alignee, sans interruption sur des kilometres, de "beach resorts" photocopies, avec des huttes a toits de palmes de vivabilite diverse, mais meme les plus modestes sont pourvues de moustiquaires. On y fait de la plongee et du barbotage, occasionnellement chausses de masques et tubas, mais en cours de sejour une touriste se fait attaquer par un reptile feroce. Les aubergistes tombent des nues: un croco a Havelock? pas bon pour les affaires, ca. Heureusement la saison est a peu pres terminee (d'ailleurs si on veut bien supporter un peu de pluviotte, les huttes de plages sont vraiment pas cheres, et on y est tranquilles), on espere que ca se tasse d'ici novembre prochain.
On passe une nuit a Neil Island, aussi, ou les bernard les hermites sont tres tres gros.
L'aller Chennai-Port-Blair se fait par avion: finalement moins cher que le bateau... Enfin. Ca depend. Lorsqu'on tente de reserver un bateau en derniere classe a deux semaines d'avance, ou encore un avion, OK, un helico, n'importe quoi, laissez-nous partir d'ici, on decouvre qu'on a pose pied sur l'archipel en periode scolaire, innocent vacanciers perpetuels que nous sommes, mais qu'on essaie de le quitter a l'oree des vacances indiennes... or ni les profs ni les eleves n'ont l'intention de passer la mousson dans leur prison paradisiaque, et tout le monde vogue et vole vers le sous-continent. Tout est donc reserve bien a l'avance, et au prix fort. On paie finalement plus cher la traversee (mais pour une deuxieme classe qu'on ne regrette pas) et on part plus tard que prevu. Mais bon.
Et avant?
Trois semaines durant, on s'echigne a Auroville, dans une ferme denommee bizarrement Solitude -- on y rencontre plein de gens formidable, et on y vit tres socialement, dans cet ilot un peu spirituello-indien, mais a part ca tres occidentalo-hippie, a proximite de Pondicherry -- "Pondy", on dit entre Aurovilliens.
Monique nous a quitte debut avril, pour retourner, apres deux mois a partager notre boheme, "cultiver son jardin". Mais pas avant qu'on ai passe ensemble de riches heures dans le village cotier de Mamallapuram -- qui fut, il y a mille ans, la capitale commerciale et politique du royaume Pallava, et qui a encore de beaux restes: on y trouve des pleiades de bas-reliefs et mini-temples monolithiques hindous, et un gros caillou qui devrait devaler la pente sur laquelle il est pose, mais qui ne le fait pas. La taille de pierre est encore aujourd'hui la specialite locale. Ce n'etait d'ailleurs que la fin de notre tour des temples: a Puri, Konark, puis Bhubaneshwar (Orissa) on s'en dose une forte dose, une overdose diraient certaines, et dans le Tamil Nadou, il y en a partout et de toutes les couleurs.
Enfin, on ne neglige pas les plages: de Puri, de Vishakapatnam, de Chennai, d'Auroville... meme si le bikini, par ici, est deconseille -- a moins que l'on sache s'accomoder des regards pas discrets de tout un public qui vient parfois expres pour le spectacle.
jeudi 20 mai 2010
Little Andaman: The Lighthouse
The last few pages of my diary (i have a new diary now) about Little Andaman, our friend Pradeep who lived through the december 2004 tsunami, and our expedition to the lighthouse.
Well, maybe it's not very interesting but i thought the little drawings and maps made it funny.
Part of a page has been digitally cropped-- Well, you don't want to know.
Well, maybe it's not very interesting but i thought the little drawings and maps made it funny.
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